Pourquoi il/elle doute de tout… même de lui/elle-même ?
Votre adolescent semble constamment se dévaloriser, éviter les regards, fuir les prises de parole ? Vous lui trouvez pourtant mille qualités, mais lui ne voit que ses défauts ? Il se referme sur une image négative ? Il manque de confiance en lui ?
Cet article explore ce que vit un ado en perte de confiance, comment ce dialogue intérieur s’installe, ce que vous pouvez faire en tant que parent… et comment un accompagnement thérapeutique peut l’aider à se reconnecter à ses ressources et à son potentiel. Avec un exemple réel d’accompagnement, pour mieux comprendre comment cela peut évoluer.
Cet article explore ce que traverse un ado dans ces moments-là, ce que cela dit de son rapport à lui-même, et comment la thérapie peut l’aider à retrouver une image plus juste — et plus apaisée — de qui il est.
Un dialogue intérieur, un regard de thérapeute, des conseils utiles et un exemple concret d’accompagnement :
Ce que vous vous dites…
« Je ne comprends pas… On l’encourage, on le soutient, on lui dit qu’il est capable. Mais il ne veut pas essayer. Il abandonne avant même d’avoir commencé. Il pense qu’il n’est pas assez bien. C’est dur de le voir comme ça… On lui dit qu’il est intelligent, gentil, qu’il a plein d’atouts… mais il ne veut rien entendre. Il se compare sans arrêt, il s’efface. Il hésite à tout. Il doute de lui dès qu’il faut faire un choix ou parler. Même dans des moments simples, on sent que ça lui coûte. »
Et dans sa tête ?
« J’suis pas comme les autres. Ils sont plus à l’aise, plus drôles, plus beaux, plus intelligents. Moi je suis… moyen. Si je parle, on va se moquer. Si j’essaie, je vais me rater. Alors je dis rien. J’fais rien. Comme ça, je prends pas de risques. J’ai l’impression d’être en décalage. Quand je parle, j’ai l’impression que c’est nul. Les autres sont plus cools, plus drôles, plus sûrs d’eux. Moi, j’ai rien de spécial. Je me sens invisible ou alors… de trop. Même quand on me complimente, j’ai l’impression qu’on ment pour me rassurer. »

Ce que le thérapeute entend (et travaille)
Ce manque de confiance, souvent très présent à l’adolescence, n’est pas juste “un passage normal”. Il peut profondément influencer la construction identitaire, les choix d’orientation, les relations… et parfois même la santé mentale.
Ce que j’entends en séance :
- Une voix intérieure très critique,
- Une peur intense du jugement,
- Une hypersensibilité à l’échec ou à l’imperfection,
- Une comparaison constante aux autres.
La thérapie va chercher à réduire cette pression intérieure, et à rouvrir un espace de respiration dans l’image de soi.
On ne cherche pas à “gonfler” artificiellement la confiance, mais à retrouver un rapport plus réaliste, plus tolérant, plus vivant à soi-même.
Dans l’accompagnement thérapeutique, on va :
- repérer les messages intériorisés (souvent issus de l’enfance ou de l’environnement scolaire ou familial) ;
- identifier les croyances limitantes du type “je ne suis pas assez bien”, “je vais rater”, “je n’ai pas le droit à l’erreur” ;
- utiliser des outils concrets pour faire évoluer le regard qu’il porte sur lui-même.
Chaque ado est unique, et c’est pourquoi je travaille avec plusieurs approches, que je choisis et adapte selon la personnalité et les besoins de chacun.
Ce que permet l’accompagnement :
- TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) : pour mettre à jour et désamorcer les pensées automatiques négatives qui alimentent la mésestime de soi (“je suis nul”, “je ne vais jamais y arriver”).
- Hypnose et visualisations positives : pour renforcer les ressources internes, reprogrammer les images mentales, restaurer une confiance corporelle et émotionnelle.
- EMDR ou mouvements alternatifs : pour désensibiliser certaines expériences humiliantes ou blessantes (une moquerie, une remarque marquante…).
- EFT (techniques de libération émotionnelle) : pour désamorcer les émotions bloquantes (trac, honte, peur du jugement).

Conseils aux parents
- Laissez-le expérimenter sans pression. Évitez de survaloriser les résultats ou de vouloir à tout prix “le booster” : cela peut accentuer le sentiment d’être inadapté.
- Valorisez les qualités d’être plus que les performances. Dire “tu es persévérant” ou “tu as été attentif à ton ami” est plus puissant que “tu as eu une bonne note”.
- Ne cherchez pas à convaincre. Parfois, l’ado rejette les compliments, car ils ne collent pas à l’image qu’il a de lui. Soyez un miroir calme et constant, même si lui ne veut pas y croire tout de suite.
- Proposez une rencontre avec un thérapeute comme une curiosité, pas une réparation. Le message est important : il ne s’agit pas de “le réparer”, mais de lui offrir un espace où il pourra mieux se comprendre.
Retour d’accompagnement – Cas réel
Lina, 14 ans, e voulait plus aller au sport, refusait de se prendre en photo et parlait d’elle comme “invisible”.
En séance, on découvre que tout a basculé l’an dernier après une remarque en classe et une publication gênante sur les réseaux. Depuis, elle se compare sans cesse à ses amies et s’efface.
Séances 1-2 : Mise en confiance, ancrage de ressources positives, premiers exercices d’hypnose pour retrouver un lieu intérieur sécurisant.
Séances 3-4 : Travail en TCC sur les pensées négatives automatiques (“je suis moche”, “les autres vont se moquer”).
Séances 5-6 : EFT sur la honte et la peur du regard des autres.
Séance 7 : Lina accepte de relever un défi qu’elle s’était fixé : faire une présentation orale en classe. Elle ressort fière d’elle.
Séance 8 : On ancre les réussites, on travaille sur sa voix intérieure, et elle repart avec un carnet de forces personnelles construit ensemble.
“Je croyais que j’étais vide. Maintenant je vois qu’il y a plein de choses en moi que j’avais oubliées.”